F1 - ENTREZ DANS L’HISTOIRE AVEC ALAIN PROST
Alors que la Formule 1 s'apprête à célébrer son 1000e Grand Prix, AUTO a demandé à Alain Prost de nous parler de sa meilleure course. Il a choisi sa toute première course de F1, le Grand Prix d’Argentine en 1980.
QUADRUPLE CHAMPION DU MONDE DE FORMULE 1 FIA, GRAND PRIX D'ARGENTINE, 1980
Il m’est impossible de dire quelle course j’ai préféré, ou laquelle a été la plus importante pour moi, alors je vais parler de ma première course, en Argentine en 1980. Quand j'ai commencé, nous avions des pilotes incroyables : Clay Reggazoni, Emerson Fittipaldi, Carlos Reutemann, Alan Jones, Gilles Villeneuve, Jody Scheckter. Ces types étaient incroyables, avec leur charisme, leur personnalité. Et les voitures ! Les voitures étaient incroyables. Nous avions de petites équipes, un châssis en aluminium, et malheureusement beaucoup d'accidents.
Aujourd'hui, c'est un peu différent. Les pilotes commencent beaucoup plus jeunes, les voitures sont vraiment différentes et les risques sont moindres. Quand j'ai rencontré Alan Jones ou Carlos Reutemann après ma première course, nous étions tous à deux doigts ne nous faire de gros câlins, et on pouvait voir dans leurs yeux une lueur qui disait « nous sommes toujours là, nous avons survécu. C’était une course fantastique, mais nous en avons réchappé ». C'est important de s'en souvenir.
Ce premier grand prix était une course très étrange. Il faisait très chaud et le tarmac s'en allait complètement. Le directeur de course était alors Juan Manuel Fangio. Nous étions au briefing des pilotes, et nous ne savions pas si nous pouvions courir. Je me souviens que Fangio a dit : "OK les gars, il n'y a qu'une solution : vous devez y aller doucement !" Tout le monde a ri. L’ambiance était détendue.
Mais c’était quelque chose d’incroyable avec ces gars là. On ne peut jamais oublier une rencontre avec des gens comme ça, surtout à cette époque où, dans presque toutes les courses, il y avait un accident. C'était vraiment une époque incroyable.
Pour l'avenir, c'est difficile à savoir. Nous sommes dans une période où nous avons beaucoup de technologie, beaucoup de données. Cette technologie est fantastique, et pour les grands motoristes, elle est très bonne, car le lien se fait entre la concurrences sur piste et sur les routes du quotidien.
Pour ce qui est du futur de la discipline, nous devrions, à mon avis, nous diriger vers une Formule 1 où il y a plus d'ingéniosité, plus de surprises, plus de possibilités stratégiques et où nous devons rendre le sport plus humain - pilotes, ingénieurs - nous devons mettre l'accent sur le côté humain et peut-être un peu moins sur la technologie.
Bien sûr, nous avons besoin d'une ingénierie extrême, mais je pense que nous avons besoin d'un meilleur équilibre entre les deux. Je pense que c’est le seul moyen pour que la Formule 1 soit un peu plus compréhensible pour les gens qui la suivent.