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24.07.19

Les efforts de la FIA pour renforcer la durabilité du sport automobile se font sentir dans tous les domaines de la compétition, depuis les organisateurs des événements jusqu'aux circuits qui hébergent les courses et au-delà…

En mars 2019 au Salon de l'automobile de Genève, les promoteurs des grands championnats de la FIA - Formule 1, World Rallye, World Rallye Cross, WEC, Formule E et Karting - se sont réunis à l'invitation de la FIA pour discuter de la pertinence et la durabilité du sport automobile.

La seule chose sur laquelle tous tombent d’accord, c'est que le sport doit être proactif en prouvant ses références en matière d'environnement.

« Ils se sont assis autour d'une table pour un atelier de deux heures dont le sujet était de rendre le sport automobile plus durable et plus pertinent pour les fans, les partenaires et l’industrie » , explique Marina Tailpied, responsable du Programme de durabilité pour le sport au sein de la FIA. « Ils ont tous manifesté leur soutien et leur enthousiasme. Tous sont tombés d’accord sur le fait que la FIA devrait poursuivre une politique plus stricte dans ce domaine. »

Marina Tailpied, qui coordonne le processus d'accréditation environnementale de la FIA, aide les acteurs du sport automobile à mesurer, améliorer et à être reconnus pour leurs performances environnementales, s'est réjoui de cet élan général.

C'est l'un des premiers programmes d'accréditation développés spécifiquement pour tous les sports et il permet à tous les acteurs du sport automobile d'aligner leurs performances sur les normes environnementales les plus strictes. Ceux qui s'inscrivent sont notés selon trois niveaux de performance : une étoile, deux étoiles et trois étoiles, ce qui permet de mesurer leurs réalisations en matière de développement durable et de fournir un point de référence par rapport à la façon dont ils peuvent encore s'améliorer.

Le projet suit un large éventail de normes internationales ayant été créées et guidées par Even Wiger, conseiller en durabilité et environnement de la FIA, qui est un auditeur certifié par l'Organisation Internationale de Normalisation (ISO). Wiger a une longue expérience dans ce domaine, ayant fait l’audit et mis en œuvre des programmes de gestion environnementale dans les secteurs du sport automobile et de la construction.

Au cours des quelques années qui se sont écoulées depuis le lancement du programme, la FIA a déjà accordé l'accréditation maximale de trois étoiles à certaines autorités sportives nationales (ASN), à des équipes de course automobile, des promoteurs, des circuits, des événements et des fournisseurs dans toute les disciplines. L'objectif à long terme de la FIA est d'associer toutes les parties prenantes de la FIA, par le biais d'une approche progressive à trois niveaux, dans le but de sensibiliser collectivement et d'améliorer la performance environnementale globale de l'écosystème du sport automobile.

L'une des séries les plus réussies a été le Championnat du monde des rallyes (WRC) de la FIA, qui est le premier à stipuler que toutes les épreuves doivent obtenir une accréditation environnementale de trois étoiles si elles veulent rester inscrites au calendrier. Cela a créé une situation unique où même les événements potentiels cherchent à prouver leurs compétences environnementales avant de faire partie de la série.

Le Rallye Kenya a posé les jalons en devenant le premier événement candidat au WRC à demander activement son accréditation avant d'être confirmé sur le calendrier de la discipline. D’après Wiger, c’est une preuve significative des progrès du système d'accréditation. « Normalement, un événement reçoit la confirmation de la FIA qu'il figurera sur le calendrier de la saison suivante, puis nous communiquons avec eux. Mais dans ce cas, les promoteurs kenyans ont adopté une approche proactive pour s'assurer d’être pleinement alignés sur la réglementation avant même le premier événement. »

Le Kenya se joindra potentiellement à d'autres événements du WRC qui ont déjà obtenu l'accréditation, dans le cadre du lancement d’un large éventail d'initiatives autour de la durabilité, allant de programmes de gestion des déchets et opérations neutres en carbone à des campagnes de sensibilisation locales et autres projets sanitaires.

Le rallye de Suède, par exemple, a mis en œuvre une stratégie environnementale ambitieuse appelée " Vision Zéro ", qui vise à minimiser les déchets par diverses méthodes, dont la réduction des déchets alimentaires et l'utilisation d'articles en plastique recyclable. Il tend également à réduire les émissions en encourageant le transport en véhicules à faible empreinte carbone et l'utilisation d'énergies renouvelables. Cette approche " Vision Zéro " est également associée à la stratégie de sécurité de l'événement, qui allie durabilité et sécurité afin d'optimiser les rendements.

Entre autres événements, le Rallye d'Australie est devenu le premier événement neutre en carbone du calendrier. Le Rallye du Mexique a mis en œuvre des initiatives de recyclage en produisant des chaussures faites de bouteilles en plastique, et a également déployé l’initiative « Health Rally », qui fournit des soins de santé aux plus petites villes le long des parcours. Le Rallye d'Argentine a mis en place un programme d'incitation à la collecte des déchets pour les spectateurs, tout comme le Rallye du Portugal et le Rallye d'Espagne, qui ont tous deux un programme progressif de gestion des déchets.

Par ailleurs, le Rally Italia Sardegna a sensibilisé les écoles à la durabilité environnementale en enseignant aux enfants la gestion des déchets et les méthodes de recyclage, tandis que le Rallye de Finlande a fait des progrès constants ayant valu à son Directeur Général le titre de Champion Environnemental.

FORMULE E-CO

Le programme d'accréditation ne se limite pas aux courses, mais s'applique également aux équipes et à l’intégralité des championnats. McLaren a été la première équipe (et actuellement la seule équipe de F1) à obtenir l'accréditation, tandis que le Formula One Group, promoteur de la F1, examine la possibilité de classer ses références environnementales.

Sans surprise, le championnat  tout électrique de Formule E ABB FIA ouvre la voie, son promoteur étant à ce jour le seul promoteur international à détenir la certification trois étoiles de la FIA en plus de la certification ISO 20121, la plus élevée pour les événements durables.

Cela s'est étendu aux équipes de Formule E, puisque Mahindra Racing a renouvelé son accréditation deux étoiles en début d'année, après avoir rejoint le programme en 2016. L'équipe prévoit maintenant d’avoir un rapport carbone neutre d'ici 2020 et d'obtenir une note de trois étoiles.

« Nous prenons au sérieux les questions de développement durable et d'environnement au sein de l'équipe, et nous sommes convaincus que l'éducation et l'information sont au cœur des défis auxquels nous sommes confrontés à l'échelle mondiale », déclare Claudio Corradini, directeur du développement durable et de l'environnement de Mahindra. « En tant qu'équipe, nous travaillons dur pour améliorer notre durabilité et lutter contre la pollution dans notre vie quotidienne, au travail comme à la maison. »

D'autres équipes de Formule E sont désireuses de suivre la mouvance, DS Techeetah ayant annoncé en mai dernier qu'elle rejoindrait le programme pour améliorer son empreinte carbone, avec le soutien et l'expertise d'entreprises leaders en environnement et mobilité, afin d'atteindre la neutralité carbone de ses opérations. Une rencontre de la FIA avec plusieurs directeurs et managers d'équipes de Formule E en marge de l’E-Prix de Berne a permis d'obtenir l'engagement d'autres équipes FE dans le processus, ce qui est un signe encourageant pour le championnat.

« C'est encore un processus volontaire dans le sens où il n'est pas encore obligatoire d'y adhérer, mais nous souhaitons le rendre obligatoire dans un futur proche à travers le règlement sportif du championnat », explique Tailpied. « En Formule E, le fait que les équipes s’y mettent avant même que cela soit obligatoire est un signe très encourageant. »

IMPACT MAXIMUM

L'un des principaux objectifs de la Commission de l'environnement et du développement durable de la FIA est d'impliquer davantage de circuits F1 dans le programme d'accréditation, en raison du nombre d'événements qu'ils accueillent tout au long de l'année et qui peuvent atteindre les objectifs de la FIA en matière d’"impact maximum".

Actuellement en F1, seul le Circuit de Catalunya possède une accréditation trois étoiles, mais il est prévu d'en étoiler d'autres dont circuit Paul Ricard, hôte du Grand Prix de France, qui doit soumettre une candidature pour ses trois étoiles plus tard dans l’année, et d'autres circuits dont Zandvoort, qui revient au calendrier F1 en 2020, en contact avec le Département Développement durable de la FIA.

« Si vous regardez le Circuit de Catalunya, qui est le seul circuit de F1 à être accrédité au programme de la FIA, il ne sert pas uniquement à accueillir la F1 une fois par an, » dit Tailpied. « Il reçoit d'autres grandes courses, y-compris des évènements non régis par la FIA, comme le MotoGP, le système de gestion environnementale mis en place pour le week-end de la F1 s’étendrait donc sur toute l’année. » 

C'est pourquoi il est important pour la FIA de cibler ces circuits car ils offrent un éventail beaucoup plus large d'événements et d'activités, potentiellement non limités au sport automobile.

L’avenir du Programme d'Accréditation Environnementale de la FIA est sans doute là, dans la mesure où la Fédération cherche à le faire mieux reconnaître par les instances dirigeantes du monde entier. Il pourrait être mis en œuvre dans d'autres formes de sport automobile, y compris le motocyclisme, qui est régi par la FIM.

« Nous avons un dialogue très positif avec la FIM à ce sujet, et il semble que la FIA et la FIM pourraient créer des synergies positives en suivant un ensemble commun de lignes directrices », dit Tailpied.

« Ils ont une campagne « Ride Green » (Roulez vert) très bien représentée par leurs ambassadeurs, des stars du MotoGP. Ils sont très forts en communication, ils envoient aussi des " hôtes pour l'environnement " sur leurs événements, mais ils n'ont pas le système d'accréditation à trois niveaux spécialement conçu par la FIA, » ajoute Tailpied. « En ce sens, la FIA montre la voie, non seulement dans le sport automobile, mais au niveau de toutes les instances dirigeantes du sport. »

L'amélioration des performances est dans l'ADN de la FIA. Alors que le sport automobile devient de plus en plus soucieux de l’écologie, il est important que le message soit transporté hors des sentiers battus en un effort collectif, dans l’unique but continu d'améliorer les performances environnementales. La FIA, à travers son Programme de Développement Durable, a jeté les bases d'une norme internationale qui a déjà un impact sur l'ensemble du sport automobile, et qui ne peut que croître si davantage d’acteurs du secteur veulent démontrer leur engagement à réduire leur empreinte carbone.

 

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