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F1 - 2018 Grand Prix du Mexique transcription de la conférence de presse du dimanche

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29.10.18

Lewis HAMILTON (Mercedes)  Top 3 des pilotes 1 – Max VERSTAPPEN (Red Bull Racing) 2 – Sebastian VETTEL (Ferrari) 3 – Kimi RÄIKKÖNEN (Ferrari)

Champion du Monde

 

Lewis HAMILTON (Mercedes)  

 

Top 3 des pilotes

 

1 – Max VERSTAPPEN (Red Bull Racing) 

2 – Sebastian VETTEL (Ferrari) 

3 – Kimi RÄIKKÖNEN (Ferrari)

 

Interviews sur piste

(Menées par David Coulthard)

Q: Max, Mexico vous aime; vous devez adorer Mexico – c’est votre seconde victoire d’affilée ici.

Max VERSTAPPEN: Oui, incroyable. J’ai fait un super départ. Pour être honnête, je n’ai pas très bien dormi la nuit dernière, alors j’étais vraiment déterminé à gagner aujourd’hui et par bonheur, on a réussi. L’équipe a fait un travail fantastique. Nous avions les bons pneus et la voiture à tourné à merveille.

 

Q: Une mauvaise nuit peut-être mais superbement rattrapée avec cette magnifique course. Votre coéquipier a quitté la course sur un problème technique. On vous a entendu dire à la radio « qu’est-ce que je fais maintenant ? » Vous étiez nerveux vers la fin.

MV: Oui, c’était dommage de perdre Daniel. Je pense qu’on aurait pu faire un doublé, ou au moins monter tous les deux sur le podium. Après, on fait ce qu’on peut pour que les deux voitures ne soient pas hors course.

 

Q: Vous allez faire la fête ce soir ?

MV: Non, je rentre à la maison et j’en suis ravi.

 

Q: Bien joué, Félicitations Sebastian pour votre podium, votre premier ici. Mais je suppose que vous êtes un peu pensif en voyant Lewis Hamilton fêter sa victoire. Vous l’avez mis sous pression depuis le début de la saison mais ça n’a pas fonctionné.

Sebastian VETTEL: Oui, en effet, c’est pas une journée facile, mais il a mérité son titre, félicitations à lui et à son équipe, ils ont fait du très bon travail toute l’année, donc je pense qu’on peut en rester là. J’accepte sa victoire et je l’en félicite. Évidemment, j’aurais adoré garder le suspens plus longtemps mais c’est comme ça.

Q: Tu as eu l’occasion de prétendre au titre plusieurs fois cette année; tu as eu des victoires fantastiques, où penses-tu que le Championnat a commencé à t’échapper ?

SV: Oh David, je ne sais pas si j’ai envie de répondre à cette question maintenant. Je vais juste féliciter Lewis.

Q: Un beau moment ici entre deux grands champions. Nous allons recueillir les impressions de notre quintuple Champion du Monde. Lewis, c’est un beau moment, que de respect entre vous deux, vous êtes 5 fois Champion du Monde. Vous avez eu le temps d’y penser ? C’était une course difficile, mais vous venez de vous hisser au rang de Fangio, seul Michael Schumacher a plus de titres mondiaux.

Lewis HAMILTON:  Oui, je ressens des choses étranges là tout de suite, mais je veux d’abord adresser un grand merci à tous les fans présents, merci d’avoir rendu ce Grand Prix du Mexique aussi spécial. Donc, un grand, grand merci. Ensuite, je remercie toute mon équipe. Vous savez, Bonno a déclaré à la radio que cette course n’était pas gagnée d’avance, on a décroché cette victoire au prix d’un travail acharné tout au long des courses. Je suis très reconnaissant qu’ils aient travaillé aussi dur à cette victoire. Merci à Petronas, Epson, Bose, tous ceux qui ont pris part à l’aventure, et surtout à Mercedes. Je suis chez Mercedes depuis que j’ai 13 ans, sachant que Fangio est arrivé au même point avec Mercedes, c’est un sentiment incroyable, c’est très très surréaliste pour le moment.

Q: Quelques mots sur la course difficile que vous avez vécue cette après midi en termes de pneumatiques ou vous préférez développer votre bonheur d’avoir remporté ce titre ? De ce que ça représente par rapport à vos quatre autres titres ?

LH: C’était une course horrible ! J’ai pris un bon départ, avec une belle progression. Je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé ensuite. On se débattait Valtteri et moi, et j’essayais juste de tenir bon, de ramener la voiture sans encombres. Je suis reconnaissant envers Dieu aujourd’hui, envers ma famille à la maison. Je vous aime, merci pour tout votre soutien. Je ne serais pas là sans le dur travail de mon père, de toute ma famille. C’est vraiment un moment chargé d’émotions.

Q: Profitez bien de ce moment. Et enfin, Kimi Räikkönen. Félicitations. Un arrêt, ça s’avérait délicat pour vous, mais c’était la meilleure stratégie à adopter pour votre voiture cet après-midi.

Kimi RÄIKKÖNEN: Oui, en effet vu comme c’était parti. Je pense que les pneus ont bien tenu sur la durée, ce ne sont pas les plus rapides, mais c’était la meilleure solution compte tenu de notre position. 

Q: Ce voyage en Amérique est plutôt une bonne chose pour vous, après une victoire à Austin, une troisième place ici.

KR: Oui, c’est pas mal. Après, on en veut toujours plus, mais je n’ai pas à me plaindre. Il reste encore deux courses et on va essayer de se surpasser.

 

Conférence de presse - Top 3 des pilotes

 

Q: (Francisco Alcala – Global Com Group) Qu’avez-vous dit à Lewis après la course ?

SV: Je ne suis pas un grand communiquant. Je l’ai félicité, je pense qu’il a superbement conduit toute l’année et qu’il était le meilleur d’entre nous deux. Je lui ai donc dit que c’était mérité et de profiter de ce moment. Le cinquième, c’est quelque-chose d’incroyable. Donc je l’ai félicité et lui ai demandé qu’il mette la même pression l’an prochain, j’ai besoin qu’il soit à son maximum pour l’affronter à nouveau.

Q: (Christian Menath – Motorsport-Magazin.com) Une question pour Seb. Si je me souviens bien, l’année dernière après le couronnement du Champion, vous étiez vraiment mal, et aujourd’hui encore, même si on s’attendait à ce que ça arrive. Pourquoi vous sentir mal une fois le Championnat terminé ?

SV:  C’est un moment terrible, l’annonce. Vous travaillez comme un dingue et ok, on a eu le temps de le voir venir. Je suis assez bon en maths pour faire une addition mais tant que ce n’est pas écrit, vous y croyez jusqu’au bout. J’ai eu trois fois ce genre de déception dans ma vie, où vous réalisez que vous ne pouvez plus gagner le championnat, et ce ne sont pas des jours heureux. Vous ne remettez pas seulement un moment en question, mais toute l’année, le travail que l’équipe a fait, l’effort déployé pour la saison jusqu’à présent. Et oui, je pense que nous avons eu nos chances. Nous en avons saisi certaines, mais sans doute pas toutes. Au final, nous n’avons pas été assez bons.

Q: (Arjan Schouten – AD Sportswereld) Une question pour Max, à propos de votre frustration d’hier. Était-ce car la pole vous passait sous le nez ou pour n’avoir pas atteint le record de Sebastian ?

MV: Non, ma frustration venait du fait que je n’avais pas la configuration optimale pour me battre pour la pole. Car nous avions le même problème que lors de la seconde séance d’essais, je ne me sentais pas à l’aise à cause des problèmes et c’est pourquoi j’étais frustré. En qualifications, tout doit aller de concert et il faut essayer de tout optimiser et clairement, rien n’était optimisé. Je ne veux pas être second ou troisième. Je veux gagner. Je veux la pole. Au final, le record pour moi, c’est pas important, parce que les points, on les gagne le dimanche, et c’est tout ce qui compte.

Q: (Scott Mitchell – Autosport) Max, une victoire aujourd’hui, c’est une superbe course de plus pour vous depuis le début de la saison au Canada. Selon vous, avez vous évolué en tant que pilote depuis ce début de saison, dans vos dépassements, votre technique, au vu de votre niveau de performance actuel ?

MV: La seule différence c’est que je suis plus à l’écoute de moi-même. Je fais des choix personnels même si beaucoup de choses sont écrites, peu m’importe. Mon père me disait toujours en karting, à l’époque, si j’en faisais trop ou que j’y allais trop fort « Max, même si tu penses que tu ne vas pas assez vite, tu vas toujours assez vite. » Je pense que j’ai tenu compte de cela, et au final, on dirait que ça m’a rendu plus rapide.

Q: (Jens Nagler – Bild) Une question pour Seb. Pensez-vous tomber dans la déprime ou au contraire, pensez-vous que c’est le moment idéal pour rebondir et tout donner ?

SV: Je ne vais pas ressasser cette journée. Comme je l’ai dit précédemment, on l’a vu venir, mais c’est un sentiment très particulier. Je me concentre sur moi, sur ma voiture. C’est ce pourquoi on travaille toute l’année et quand un objectif vous passe sous le nez, ça n’est pas agréable c’est sûr et c’est normal de ressentir de la déception et d’avoir une petite baisse de moral. Mais je serais aussi motivé que possible pour le Brésil. Parce que mon équipe le mérite ainsi que tous les gars de Maranello et toutes les personnes qui nous ont soutenu, Kimi, moi-même et toute l’équipe. 

Q: (Julien Billotte – AutoHebdo) Question aux deux pilotes Ferrari. Vous êtes toujours en course pour le Championnat des Constructeurs. Cette victoire vous consolerait-elle de ne pas avoir remporté le titre de Champion du Monde des Pilotes ?

KR: J’espérais que personne ne pose cette question. Bien évidemment, c’est l’objectif, depuis le début de la saison. Mais je ne sais pas où nous en sommes au niveau points, et il ne reste que deux courses. Donc on va faire de notre mieux.

 

SV: Oui, comme je l’ai dit précédemment, dans deux semaines, nous aurons à nouveau l’occasion de montrer ce que l’on sait faire et on continue de se battre pour le Championnat constructeurs. Le week-end dernier a été excellent pour nous, ce week-end aussi, alors on espère continuer comme ça sur les deux dernières courses.

Q: (Luis Vasconcelos – Formula Press) Kimi – Vous avez perdu une position au profit de Sainz au départ, cela vous a un peu déstabilisé, vous vous êtes fait distancer et vous n’aviez qu’un seul arrêt. Comment l’avez-vous vécu ?

KR: Je pense qu’au départ, je suis bien parti, je suivais Seb, puis ça a freiné de ce côté de la piste au milieu de la ligne droite. Je suis parti de l’autre côté mais j’étais derrière Seb qui attaquait le premier virage et je ne voulais pas prendre de risques. J’ai perdu une position mais je l’ai récupérée au tour suivant dans la ligne droite, donc, rien de grave. Mais c’était assez houleux. J’étais plus rapide que la Mercedes devant moi mais je n’arrivais pas à passer malgré mes tentatives en ligne droite. Puis mes pneus ont cédé. Les pneus avant. Un moment plutôt délicat. Donc passage au stand décidé, puis finalement non. Du coup, avec un seul arrêt, même si le second set de pneus était très bien, je savais qu’il fallait les préserver pour qu’ils tiennent jusqu’au bout. Après ça, il ne s’est pas passé grand-chose. J’ai rattrapé la Mercedes, je l’ai doublée puis bloquée derrière moi. Puis je pense que Ricciardo a eu un souci est s’est arrêté. Un bon résultat final mais en somme, pas la course la plus excitante qui soit.

Q: (Arturo Lopez Escalona – El Sol de Mexico) Question pour Max, que représente cette seconde victoire consécutive au Mexique pour vous ?

MV: Ce que ça représente, c’est vraiment super. Nous savions que nous étions fort l’an passé, nous avions le même espoir cette année, même si aucune course n’est jamais gagnée d’avance. Donc oui, très heureux de remporter ce titre pour la seconde fois de suite et oui, ce circuit est très spécial, avec les fans passionnés et la section du stade que j’apprécie aussi tout particulièrement. Dans l’absolu, une victoire où qu’elle intervienne, c’est toujours quelque chose de positif.

 

Q: (Jaap de Groot – De Telegraaf) Pour Max. Vous venez de dire que vous étiez désappointé hier parce que la voiture n’allait pas comme vous vouliez…

MV: Non, la voiture était très bien, c’est le moteur qui a posé problème… 

Q: OK. Mais aujourd’hui, comment trouvez-vous l’équilibre entre vos doutes et la concentration nécessaire pour gagner ? J’ai remarqué que vous êtes constamment en train de régler les pneumatiques et le moteur.

MV: Ma seule option du jour c’était la victoire. Mais oui, j’avais cette inquiétude en tête c’est pourquoi hier j’étais déçu. Mais nous avons réussi aujourd’hui. Je suis donc très heureux.

 

Q: (Louis Dekker – NOS) Également pour Max. Est-ce que cette victoire en est également une pour Renault, une revanche ? Car c’était mieux qu’hier. Le moteur fait également partie de votre victoire ?

MV: Comment savez-vous si c’était mieux ?

Q: Je ne sais pas, je demande.

MV: Non.

Q: (Fernando Alonso – Motorlat) On a cru comprendre que les pneus n’ouvrent pas trop la possibilité d’avoir des courses ouvertes. Ce week-end, j’ai pu entendre de nombreuses choses sur le point parfait de dégradation des gommes entre autres. Max, ou Sebastian, est-ce que cela va devenir une constante à l’avenir ?

MV: Le comportement des pneus était un peu inattendu. On savait ce qu’il en était de l’hyper, mais pour l’ultra, je pense que personne ne s’attendait vraiment à ça. Nous avons abordé cette course avec une stratégie pneumatique différente, mais en général, ou termine plus ou moins avec les mêmes gommes. Mais très rapidement au cours du week-end, on s’est rendu compte que les super tendres étaient assez solide et par bonheur, j’en avais deux. Je n’en ai pas utilisé lors des essais, je les ai conservés pour la course au cas où nous en aurions besoin, et nous en avons eu besoin. Donc, c’est un peu au petit bonheur la chance.

 

Q: (Carlos Alberto Velazquez - Reforma) Max, c’est la seconde fois que vous gagnez ici. Vous êtes le quatrième pilote à faire ce genre de doublé. Qu’est-ce que l’Autodrome Hermanos Rodriguez a de plus pour vous faire cet effet ? Serez-vous toujours là et dans les mêmes dispositions pour le Championnat l’an prochain ?

MV: L’an prochain, c’est très loin, je ne peux rien dire à ce sujet pour le moment. Mais ce qui est bien ici, c’est qu’il y a beaucoup de grip mais moins d’aérodynamique et de vitesse comparé aux autres circuits, donc, on perd moins de distance dans les lignes droites et ça convient mieux à nos voitures. On fait de belles manœuvres surtout dans les virages. C’est ce qui nous rend compétitifs. J’adore piloter ici mais ce n’est pas particulièrement ma course favorite en termes de style de pilotage. En fait, quand la voiture tourne bien, on a de bons résultats.

Q: (Alfredo Lopez Ledesma - MomentoGP) Question pour Seb. Est-ce que cette année 2018 est votre année de Formule 1 la plus difficile ?

SV: Peut-être, je ne sais pas. Je vais avoir le temps d’y réfléchir plus longuement plus tard mais à certains égards, sans doute oui. C’était très différent des autres années, mais je pense qu’il ne faut pas négliger que nous avons une équipe solide, nous avons gagné des courses. Nous ne sommes plus en lice pour le Championnat des Pilotes mais on se bat pour le titre Constructeurs. Donc, même si c’est une année difficile, c’est tout de même une superbe année pour l’équipe. On s’améliore encore, mais il est certain que nous avons rencontré des problèmes auxquels il faut remédier, qu’il est nécessaire de corriger pour atteindre notre but ultime.

Q: (Victor Macin Serrano - ESPN) Question pour Seb. De l’Allemagne ou de Monza, quel a été à votre avis le circuit le plus déterminant de la saison ?

SV: Ni l’un ni l’autre pour être franc. Je dirais plutôt Singapour. À partir de Singapour, nous n’avions un assez bon rythme pour suivre Mercedes sur  les quelques courses qui ont suivi. Il y a eu d’autres choses aussi qui n’ont pas aidé et nous avons manqué des points à cause d’erreurs de notre fait, de mon fait. Je ne veux pas être trop dur envers moi pour ce qu’il s’est passé en Allemagne car ce n’est pas comme si c’était la pire erreur de ma saison, mais ça aura été la plus coûteuse. Malheureusement, ça fait partie du jeu : lorsque vous poussez, il arrive que ce soit un peu trop fort ! J’ai choisi le mauvais virage. Mais bon, c’est derrière moi et je ne veux pas me focaliser là-dessus. Je considère que ça fait partie du jeu et que ça arrive à tout le monde. Donc les dernières semaines ont été difficiles mais surtout à cause du rythme et de la vitesse.

 

QUESTIONS À LEWIS HAMILTON

 

 Q: (Henry Bonilla – F1Latam.com) Lewis, succès une fois de plus, ici à Mexico en Amérique latine, qu'est-ce que ça vous fait ?

LH: Pour l'instant, ça ne semble pas réel, c'est comme si j'allais finir par me réveiller à un moment où à un autre. Ça a été une année difficile, pleine de réussites mais avec beaucoup de travail, avec de nombreuses questions et essayer d'être au plus haut niveau a demandé beaucoup de travail… vous voyez, je me suis entraîné dur cette année, je me suis préparé mentalement, je ne crois pas au coaches personnels et en ces choses là donc je me suis entraîné dur, j'ai un bon équilibre personnel cette année, je travaille sur tous ces aspects pour me donner les moyens d'être encore meilleur. Je pense que mon année précédente a été excellente et je me suis demandé comment être encore meilleur, comment tirer encore plus le meilleur de moi-même ? Et franchement, il n'y a pas de recette magique, mais j'ai réussi à trouver un bon équilibre et un bon rythme et j'ai fait quelques une des plus belles courses de ma carrière et c'est grâce à cela que j'en suis là aujourd’hui. Je n'ai pas encore intégré l'information de mon 5ème titre. La première fois c'était incroyable, la troisième était surréaliste. Tout le monde fait référence à Fangio donc oui, j'y suis… c'est très compliqué, j'ai un conflit émotionnel intérieur car cette course à été difficile, je voulais la gagner. J'ai fait un bon départ et puis tout a basculé, mais on finit quand même 4ème. Ça n’est pas un mauvais classement et c’est juste ce qu'il fallait mais j’ai encore un Championnat à remporter et aujourd'hui, nous avons perdu quelques points au profit de Ferrari et je veux vraiment tout donner pour l'équipe.Donc, il me reste deux courses à remporter.

Q: (Fernando Alonso – Motorlat) La question…

LH: Votre nom est Fernando Alonso ?

Q: (Fernando Alonso – Motorlat) Oui. Il est un peu plus long mais je l'ai raccourci.

LH: Je n'aurais jamais cru que Fernando Alonso me poserait des questions!

Q: (Fernando Alonso – Motorlat) Tout le plaisir est pour moi.

LH: Vous pilotez ?

Q: (Fernando Alonso – Motorlat) Pas aussi vite que lui mais je pense que je pourrais. J'ai suivi une conférence à Valence lors des tests où vous disiez avoir essayé plein de choses et vous être entraîné dur, mais cette année semble être votre meilleure année en Formule 1. Quelle aptitude avez vous particulièrement développée cette année ? 

LH: Honnêtement, c'est un tout. J'ai clairement des prédispositions depuis l'enfance. Depuis que je suis arrivé en Formule 1, je pilote de la même manière qu'aujourd'hui, mais naturellement, années après années, on essaye de mettre la barre plus haut et quand je dis mettre la barre plus haut, je veux dire à tous les niveaux, que ce soit au niveau de l'entraînement physique, psychologique, du pilotage, on donne ce que l'on est à un moment donné de sa vie. On apprend à gérer la voiture et les risques en fonction du but. On apprend à communiquer avec ses coéquipiers, à en faire sortir le meilleur. Et tous ces aspects sont importants, surtout quand on travaille étroitement avec certaines personnes, il faut s'assurer de les aider à garder un bon moral, de les guider au mieux. Il ne faut pas qu'ils me voient arriver sur une course avec le sentiment que je ne vais pas gagner, ce qui peut arriver selon l'état d'esprit dans lequel on se trouve à certains moments, nous sommes humains. Il faut se concentrer sur ce que l'on ressent et ce que l'on communique chaque week-end, ça peut vraiment faire la différence, alors j'ai beaucoup de choses à gérer. Je pense que cette année, je me suis encore plus investi dans la voiture, que j'ai été très concentré, que j'ai été en meilleure forme que jamais et que j'ai eu une énergie rare. Je suis certain de devoir cela en partie à mon régime vegan. C'est vraiment une bonne chose, je suis très heureux d'avoir pris ce virage dans ma vie. J'aurais dû faire ça bien plus tôt.  

Q: (Scott Mitchell – Autosport) Lewis, de nombreuses fois, Ferrari et Seb ont formé le duo le plus rapide. Vous avez remporté beaucoup de victoires mais d’un point de vue logique, ils auraient pu gagner ces courses. La lutte entre vous a été pleine de suspens sur la première partie de la saison. Le fait que vous ayez finalement réussi à remporter le titre deux courses avant la fin de la saison, ça vous évoque quoi ?

LH: Absolument. Au cours de l’année, nous avons fait beaucoup d’essais. Même les week-end où nous n’avions pas de package à tester et que nous étions en retrait. Nous avions une conviction dans l’équipe, celle que nous pouvions faire quelque chose de grand, que nous remporterions des victoires, même si nous n’étions pas les plus rapides. Il y a eu des moments très particuliers dans la voiture, je les ressens encore. Certaines fois, je ressentais vraiment quelque chose de magique. Je croyais sincèrement en nos chances pour ce championnat, mais c’est la bataille la plus difficile que nous ayons eu à vivre en tant qu’équipe. Il y a eu tellement de travail derrière tout ça. Les gars aux paddocks ont été absolument infaillibles chaque week-end. Entre les arrêts au stand, les décisions prises dans l’ombre, la stratégie, la mise en place de tout ça. C’est la clé… Au final, j’ai l’impression de pouvoir affronter n’importe quel circuit, de piloter la voiture d’une manière unique. Mais pour cela, il faut être au bon endroit, au bon moment, avec les bonnes conditions, et donc travailler étroitement avec son équipe, les aider à donner le meilleur d’eux-même, et faire sortir ainsi le meilleur de soi.

 

Q: (Ben Hunt – The Sun) Avez-vous identifié un moment décisif dans la tournure du Championnat ? Comme votre victoire en Allemagne ou encore vos qualifications à Budapest ? Vous les qualifieriez de moments décisifs ?

LH : Il y a eu quoi avant Hockenheim ? Silverstone ? Avant ça ? L’Autriche. La France, c’était pas mal non plus. Il y a eu tellement de courses que je ne me souviens pas exactement de toutes. Je pense qu’au début de l’année, nous avons fait un bon départ de saison avec une bonne première course, puis nous nous sommes un peu repliés et avons opéré quelques séances d’essais. Ensuite, il y a eu cet abandon, quand je pense que nous menions le Grand Prix en Autriche, puis il y a eu cette collision terrible à Silverstone, mais nous sommes revenus en force. Arriver à Silverstone, sur son circuit national, c’est quelque chose de spécial. Avec cette foule qui vous acclame, qui vous transporte, c’est juste… Dès mon premier Grand Prix là-bas, et surtout au second en 2018, je pouvais voir les gens dans les tribunes. C’est la première fois que je voyais autant de gens m’encourager. Et ça ne s’est pas estompé depuis, à chaque Grand Prix de Grande-Bretagne, c’est la même sensation. Donc remonter de la dernière place à la seconde, c’était vraiment énorme. Un super coup de pouce pour notre confiance en nous. Et nous avons fait de belles courses ensuite. À Budapest, partir sur une victoire avant la pause à mi-saison, c’est juste génial. Surtout sachant que nous n’étions pas les plus rapides à ce stade de la compétition. On s’est dit que ça déstabiliserait notre adversaire principal. Et puis il y a eu Hockenheim, Monza… Je pense que nous avons monté crescendo après ça, avec une progression permanente. Nous sommes toujours au Mexique, après une course difficile. Les Ferrari ont été plus rapides que nous. Je pense que nous avons fait de supers performances cette année, nous ne savons pas si nous avons le package idéal mais en tant qu’équipe, nous avons fait ce qu’il fallait, mieux que les autres.

Q: (Rebecca Clancy – The Times) Quel est votre programme, comment allez-vous fêter ça et qu’allez vous faire jusqu’à la compétition au Brésil ?

LH: La réponse va vous paraître ennuyeuse, et elle l’est sûrement, car je suis simplement heureux là tout de suite. Je suis vraiment très heureux, mais j’ai vraiment hâte d’aller me coucher, mais j’essaye de profiter de ces sensations car je sais qu’elle ne dureront pas, on finit toujours par passer à autre chose. Le temps est précieux, c’est un moment précieux pour moi, je le savoure vraiment à fond. J’ai encore du boulot devant moi. Il faut retourner au travail et garder la motivation des troupes pour gagner les deux prochaines courses. Je ne sais pas pourquoi j’ai tant lutté sur les deux dernières courses et nous sommes tous déçus de ne les avoir pas remportées mais nous avons toujours le Championnat Constructeurs en ligne de mire, ça signifierait beaucoup pour toute l’équipe. Donc, nous sommes concentrés là-dessus.  Mais pour l’instant, je pense que je vais partir ce soir, quitter ce pays magnifique. Le Mexique et Mexico ont toujours été bons avec moi, les gens ici… la nourriture est super bonne, l’hospitalité est exceptionnelle, je passe toujours un bon moment ici. J’ai hâte de revenir, ce sera probablement en janvier pour m’entraîner, surfer et prendre du bon temps, mais d’ici là, je vais rentrer voir mes chiens ce soir. L’amour inconditionnel des animaux de compagnie, c’est quelque-chose de très important pour moi. Je pense que mes amis vont vouloir fêter ça aussi, mais oui comme je l’ai dit, j’ai encore des courses à gagner donc je suis un peu partagé.

Q: (Phil Duncan – PA) Presque tout le monde sait déjà que vous avez votre 5ème titre de Champion du Monde des Pilotes, et la plupart pensent que vous êtes le meilleur pilote de tous les temps, sachant que vous avez gagné de nombreuses courses, tant de poles et 5 championnats, en étant toujours fair play, sans tactiques douteuses ! Pensez-vous que vous êtes le meilleur pilotes de tous les temps ?

LH: Non, honnêtement ça n’est pas désagréable comme idée, mais c’est plutôt ce que je pense à propos d’autres personnes que j’admire, qui réussissent tout ce qu’ils font dans leur domaine. Pour le moment, il me reste encore des choses à accomplir, il y a tant de buts à atteindre encore. Je peux rayer un de ces buts sur ma liste d’achèvements pour cette année. C’est juste super, remporter le titre mondial après avoir tout fait pour. Je pense qu’il est impossible de dire si oui ou non… enfin, je ne peux pas moi-même me juger comme étant le meilleur. Je sais ce dont je suis capable et j’ai conscience de ma position actuelle mais… Mon père m’a toujours dit depuis que j’ai 8 ans, « fais tes preuves sur la piste. » Donc je fais mon possible pour que mes résultats parlent d’eux-même, sur piste et en dehors de la discipline. Pour être à la hauteur de l’opinion des gens. Mais le plus grand, c’est Michael… Michael est encore loin devant, c’est lui le meilleur du monde. Fangio, c’est le Parrain, et il le restera toujours d’un point de vue de pilote. Accomplir ce qu’il a accompli à une époque où la discipline était tellement dangereuse… J’ai un immense respect pour lui. Je me sens honoré d’avoir mon nom auprès du sien, c’est juste incroyable et je suis fier de voir mon nom, Hamilton gravé là. Si je m’arrêtais ici, mon nom resterait à jamais gravé. Si vous saviez à quel point cela a été difficile pour nous depuis le départ, et nous avons surmonté de nombreux obstacles, mais nous sommes revenus plus forts à chaque fois. J’ai l’impression d’avoir la même hargne qu’à 8 ans, j’adore ça. Je continuerai tant que je l’aurai, je pense qu’elle ne me quittera jamais mais je vais juste… mon horloge biologique se chargera de m’arrêter à un moment.

 

Q: (Luke Smith – crash.net) Lewis, pour rester sur ce sujet, que faites-faites-vous en dehors de la Formule 1 qui vous apporte autant d’énergie et qui vous aura tant aidé sur cette saison? Vous avez vraiment l’air très heureux.

LH: Oui, c’est vrai, je le suis. C’est une année vraiment particulière en ce sens que… Je fais des généralités mais je pense que je devrais uniquement parler pour moi même, mais je pense que la créativité est une base importante dans ce que l’on fait. Ça ne peut qu’aider. Naturellement, les gens ne sont pas toujours d’accord avec vous - et attention je ne dis pas là que tout ce que je fais, je le fais à la perfection, loin de là, et je suis loin d’avoir toujours raison - mais s’il y a une chose que je sais faire, c’est faire du Hamilton. Je vis ma vie comme je l’entends et je ne veux pas être guidé par qui que ce soit d’autre, et j’essaye de toujours de faire ce qu’il faut pour être le meilleur dans ce que je fais. Utiliser son esprit, faire d’autres choses en dehors de la course qui n’ont rien à voir avec du pilotage, je pense que c’est important pour garder la stimulation cérébrale et la connaissance de soi, pour avoir conscience de sa force. J’y arrive en apprenant de nouvelles choses, en essayant de nouvelles choses, en voyageant dans le monde et en voyant le côté positif de toute chose. J’essaye d’être une éponge, et d’absorber le meilleur de personnes comme Tommy, qui a monté une entreprise incroyable. Enfin, sur ma liste, il y un rêve que je dois réaliser, d’accomplir un peu la même chose que lui dans ce milieu. On verra où j’en suis dans 10 ans. 

Q: (Arturo Lopez – El Sol de Mexico) Qu’est-ce que ça vous fait d’être Champion du Monde de Formule 1, ici à Mexico?

LH: Je n’aurais pas pu parier que ça arriverait ici, à Mexico. C’est assez étrange car je n’ai pas gagné ma première course ici, je crois que je suis arrivé second, ensuite, en 2016, je remporte cette course et c’était incroyable. Et l’année dernière ? Non l’année dernière c’était un désastre, nous sommes arrivés 8ème. C’est un Grand Prix difficile pour de nombreuses raisons dont l’altitude et le traffic. On peut facilement ne pas être à l’heure pour le départ ici si on se retrouve coincé dans un bouchon. Il y a de bons pilotes dans la région, ça c’est sûr. Mais je passe toujours un bon moment ici. Je suis super bien accueilli. Tout à l’heure, j’étais en train de répondre aux journalistes TV et tout le monde souriait, mais les Mexicains ont un truc en plus comme vous pouvez l’entendre. Il y a de la musique, ils font une vraie fête là dehors. J’adore ça et j’ai déjà hâte de revenir, je l’espère pour encore quelques années consécutives.

Q: (Dieter Rencken – Racing Lines, racefans.net) Lewis, arriver au niveau des exploits de Fangio est un très bel accomplissement, mais il l’a fait avec différentes équipes alors que vous avez remporté ces 5 titres avec Mercedes. Michael a travaillé avec deux équipes pour arriver à 7. Pourriez-vous imaginer gagner un titre supplémentaire au sein d’une autre équipe ?

LH: Bien-sûr, je l’ai fait avec McLaren, qui était une équipe différente, alors moi aussi, pour l’instant j’ai deux équipes à mon actif. Michael a eu 5 titres avec la même équipe ? Il a remporté deux victoires avec Renault et 5 avec Ferrari c’est bien ça ? Renault, Benetton. Donc nous avons tous les deux le même compte d’écuries pour le moment, il a juste eu deux moteurs différents. Trois ? C’était lequel le troisième ? (Dans l’assistance : Ford, Renault, Ferrari) Pour l’instant, je n’envisage vraiment pas de quitter Mercedes. C’est ma famille, c’est avec eux que j’ai grandi, mais je disais la même chose quand j’étais chez McLaren. Je pense que la raison pour laquelle je les ai quitté, c’était pour voir si j’étais capable de quelque-chose ailleurs. Je n’en doutais pas mais je voulais le prouver à tout le monde. Aujourd’hui, je ne ressens pas le besoin de changer d’équipe. Mais on ne sait pas de quoi demain sera fait.

Q: (Victor Macin Serrano - ESPN) Qu’avez-vous dit à Sebastian Vettel après la course ?

LH: Je ne lui ai pas dit grand-chose. Il est venu me voir et m’a juste dit : « ne lâche rien, j’ai besoin que tu te battes contre moi l’an prochain. » Ce que je respecte naturellement. Je crois que je l’ai juste remercié d’avoir été un si bon rival cette année. Mais c’est arrivé tellement vite que je ne me souviens pas de tout, mais c’était un échange chargé de respect entre deux sportifs, comme nous en avons eu l’un pour l’autre tout au long de la saison. C’est bien d’avoir plusieurs Champions du Monde qui s’affrontent dans la même compétition et qui se retrouvent au coude à coude. Cette année a été difficile. Il s’est vraiment bien battu et je sais qu’il a vraiment bien piloté aujourd’hui et qu’il ne va pas en rester là donc je dois… Je dois rester sur mes gardes et ne rien lâcher pour la suite de l’aventure.

Q: (Lawrence Barretto – f1.com) Félicitations Lewis, vous avez surpassé tous les autres pilotes pour arriver au titre. À quel niveau situeriez vous la performance de Sebastian, ou plutôt par rapport à vous, c’est quel genre de rival ?

LH: Vous savez, c’est très difficile de… Ce n’est pas une bonne chose de comparer les gens car chacun est unique. Si je commence à faire des comparaisons, vous ne retiendrez que ça et ça risque d’avoir uniquement des impacts négatifs. C’est un quadruple Champion du Monde méritant et cette année, la pression qu’il a eu chez Ferrari, qui n’a pas gagné un championnat depuis très longtemps, c’est lourd à porter pour un seul homme. Je pense que cette année, il a eu des moments difficiles, mais il a toujours rebondi, comme aujourd’hui. C’est ça un vrai champion. J’ai eu énormément de chance de me mesurer à tous ces pilotes et nous sommes tous dans un mouchoir de poche. C’est ça qui fait la beauté de ce sport.

Q: (Frederic Ferret – L’Equipe) Une question un peu similaire. Pensez-vous pouvoir battre le record de Michael avec 7 titres et 91 victoires ?

LH: Franchement… je n’ai pas particulièrement visé un nombre de titres ou de victoires, car je me suis concentré sur cette victoire ci, que je vis aujourd’hui. Et ce matin encore, j’étais détendu en me réveillant, mais je ne savais pas de quoi cette journée allait être faite. Il aurait pu se passer plein d’autres choses. J’aurais pu casser le moteur. Seb aurait pu remporter la course. Nous aurions pu continuer de nous battre pour ce titre sur la course suivante. Ces dernières courses, nous étions pas au mieux de nos performances. Donc, nous ne prenons jamais rien pour acquis. Je suis reconnaissant pour ce que j’ai. Et je suis très très chanceux d’être là où j’en suis, j’ai conscience de mes privilèges et je ne prends rien pour acquis. Personne ne sait si je gagnerai encore, mais je vais tout donner pour y arriver. Mais chaque chose en son temps. Mais pour être plus pragmatique, il me manque combien de victoires pour me rapprocher de Michael ? Une vingtaine plus ou moins ? Il me reste encore du chemin à parcourir, sans doute quelques années, mais je serais fier de m’en rapprocher oui. Michael s’est impliqué avec génie avec Ferrari, il a accompli des choses folles avec son équipe, je serai toujours admiratif de cet homme.

 

Q: (Masahiro Owari – Formula Owari Masahiro) L’an dernier et cette année, vous avez affronté le même pilote et signé votre titre sur le même Grand Prix de Mexico. Quelle est la différence entre l’an dernier et cette année ?

LH: Je pense que nous avons fait de belles courses l’année dernière mais cette année j’ai vraiment voulu mettre la barre plus haut, et chaque année il faut s'attendre à ce que les autres fassent la même chose. Ferrari a vraiment tenu un bon rythme cette année, et finalement je pense que nous avons toujours… parfois nous avons eu du mal à les suivre. Ils nous ont parfois menés d'un centième ou deux, m’obligeant à me donner encore plus, à me surpasser, à faire en sorte que, même si nous n'étions pas les plus rapides, nos performance nous fassent gagner la course. Nous le devons à la préparation mentale, physique, au travail de l’équipe, et aux stratégies. En ce qui concerne mon pilotage, je suis content de ce que j'ai fait. Mais je suis surtout très heureux de voir que toute l'équipe s’est affairée à passer à un niveau supérieur. C'est grâce à ça que nous avons gagné.

Q: (Jonathan McEvoy – Daily Mail) Lewis, ne serait-ce pas un grand honneur en tant que sportif d'être sacré Chevalier au palais ? Que pensez-vous de Sir Lewis, ça sonne bien non ?

LH: Hey bon retour parmi nous. On s'est pas vu depuis des années. Tout d'abord sachez que j'ai lu ce que vous avez écrit cette année, et je tiens à vous en remercier, merci pour le super travail que vous avez fait. Vous savez, nous avons eu des années difficiles. En terme de… en fait, pour répondre à votre question, je n'y ai jamais songé. J'ai eu la chance et l'honneur de rencontrer la Reine à quelques occasions, j'en suis déjà très reconnaissant. Je suis très fier vous savez, quand parfois sur le podium je me retourne et que je vois flotter l’Union Jack, je suis très fier de mon drapeau, et je vais tout faire pour continuer de le hisser-haut. Et j'espère rendre de plus en plus de britanniques fiers. Car oui, pour l'instant c'est un allemand qui détient le record de titres. Mais je pense commencer à faire partie de ceux qui représentent ma nation avec fierté, et je compte m'améliorer encore et encore.

 

Q: (Rosa Torres  – The Paddock Magazine) Félicitations, bien entendu chaque championnat est différent, mais lequel est votre favori et aussi, qu'est-ce qui différencie ce championnat des autres.

LH: Je n'ai pas une super mémoire, j'ai du mal à me souvenir de chaque année précisément… c'est différent chaque fois. Remporter mon premier titre mondial au Brésil, dans le dernier virage, c'était quelque chose de… c'était vraiment spécial d’une certaine manière. Chaque championnat a demandé un investissement différent. Ils demandent tous une agilité, une approche différente, donc ils sont tous unique et j'ai dû faire face a de très différent cas de figure. Il se passe des choses en coulisses que personne ne sait, comme vous par exemple assis là, je suis sûr que vous vivez des choses que personne autour de vous ne pourrait comprendre. Et ces challenges personnels vous rendent plus fort et ont un impact sur vos actions. S'il y a un championnat dont je suis le plus fier, je dirais que c'est celui de cette année. Pour la simple et bonne raison que je n'avais pas la voiture la plus rapide. Mais nous avons remporté plus de courses que nous le pensions, atteint plus de pole position, et… ah mon dieu, j'adore piloter et j'ai encore pris beaucoup de plaisir cette année. Je pense que plus les années passent et plus j’aime mon travail. Je suis moins inquiet, j'arrive à mieux lâcher prise, aller plus vite, aller de l'avant, est progresser plus rapidement. Je pense que c’est lié à l'âge. Je suis sûr que beaucoup d'entre vous savent quoi je parle.

Q: (Yesme Cortez – El Economista) Comment aimeriez-vous que l'on parle de vous dans le futur ?

LH: Comment est-ce que j'aimerais que l'on me définisse dans le futur ? J’ai encore tant de choses à accomplir. La course est au cœur de tout ça donc j’aimerais qu’on se souvienne du pilote, mais tout cela me donne également l’opportunité de faire d’autres choses dans le milieu. J’ai toujours rêvé d’avoir un impact positif important sur les choses; je ne veux pas me contenter de prendre, de me servir. Je veux aussi donner, apporter du positif pour le futur. Donc, je voudrais qu’on se souvienne de moi pour ce que je vais accomplir, comme aider de jeunes pilotes à accéder à l’éducation, encourager l’éducation, ou aider les gens à surmonter des moments difficiles. C’est dur de formuler ce genre de choses, mais je ne veux pas que mon temps sur terre ait été un temps égoïste, inutile. Je suis certaine que vous me comprenez tous. Vous voulez tous que votre vie n’ait pas été une vie pour rien. Et c’est exactement ça mon but.

Q: (Maria Jimenez – Record) Félicitations Lewis. Je pense que vous n’avez jamais caché les difficultés rencontrées au long de votre parcours de pilote, pour vous et votre famille, et là, vous êtes un modèle pour la nouvelle génération, 5 fois Champion du Monde ! Qu’est-ce que cela représente pour vous et vous sentez-vous responsabilisé vis-à-vis de la nouvelle génération de pilotes en tant que 5 fois Champion du Monde ?

LH: Ça a été un long parcours dont je suis très fier, même s’il n’a pas été toujours parfait. Il y a eu des déceptions et des erreurs. Mais ça m’a permis d’en arriver là aujourd’hui. Mais c’est super de voir arriver la nouvelle génération. J’ai invité une jeune pilote de Mexico ce week-end. Elle n’avait pas de billets alors j’ai arrangé ça, et c’était super de voir cette étincelle dans ses yeux, elle me regardais comme je regardais à l’époque les grands  pilotes que j’ai eu la chance de rencontrer comme Mika, David, Damon Hill et Nigel, tous ces grands pilotes que j’admirais et à qui je disais :  « Un jour, je ferais pareil que vous ». C’est une expérience qui apprend l’humilité, c’est un énorme privilège. Je veux continuer à encourager les jeunes pilotes. J’ai toujours les mêmes sensations extraordinaires avec la F1, la FIA et un jour, j’espère rencontrer Jean. J’ai l’impression qu’il y a encore tant de belles choses que l’on peut faire encore, que l’on peut avoir un impact positif à l’école par exemple. Car de nombreux enfants qui pilotent n’ont pas accès à l’éducation. Environ 50% je dirais. Je pense que beaucoup de parents sortent leurs enfants du système scolaire, misant tout sur une carrière, mais quand ça n’arrive pas, ils n’ont pas de matelas de sécurité. Avec l’influence que l’on peut avoir en tant que Champion du Monde, et avec le concours de Jean, je pense que l’on peut faire en sorte que ces enfants puissent trouver leur voie dans ce milieu, même s’ils ne deviennent pas pilotes. Il pourraient être ingénieurs par exemple. Il y a des milliers de gens autour des pilotes, de nombreuses opportunités dans le milieu, et j’ai envie de m’impliquer à ce niveau. C’est tellement génial de voir ces jeunes… à ce point de ma carrière, je pense avoir obtenu le respect de mes pairs et mon respect pour eux a toujours été immense, c’est la meilleure position pour agir. 

Q: (Oliver Brown – The Telegraph) Lewis, félicitations. 5 titres, c’est monumental. J’ai été touché par vos mots pour votre père sur la piste. Dans l’émotion du moment, vous pensiez fort à lui - il a sans doute dû voir ça -, aux moments difficiles et au fait que parfois, ce rêve vous semblait intouchable ?

LH: Excellente question, vous savez, j’ai eu un week-end difficile car mon grand-père est mort vendredi, était-ce vendredi… Jeudi matin. Naturellement, quand vous perdez quelqu’un, ça rassemble la famille, il était le doyen de la famille donc… enfin, mon père et moi sommes déjà très proches mais ça nous a encore plus rapprochés. Et je me souviendrai toujours de tout ce qu’il a fait pour que j’en sois là aujourd’hui et que notre famille s’en sorte. Il est mon modèle, j’aimerais être aussi fort que lui, en tant qu’homme de couleur, père et être humain, j’aimerais être à la hauteur de ce qu’il a fait malgré les difficultés avec le peu qu’il avait. C’est grâce à lui tout ça. Je pense que tout ce qu’il a donné pour ce rêve, mon grand-père en serait très fier, fier et reconnaissant pour le nom d’Hamilton gravé à jamais dans l’histoire, ce qui est un truc assez fou quand on y pense. Honnêtement, en ce moment précis, je me souviens de quand j’avais huit ans au Rye House, mon père était le seul à venir sur la piste. À l’époque, il y avait un gamin plus rapide que moi, Nicky Richardson. Je le regardais faire et je me disais : « tu dois être plus rapide que lui. » Alors mon père repérait l’endroit où ce garçon freinait, puis s’éloignait encore de quelques mètres. Il me disait : « c’est là que tu dois freiner. » Aucun autre père ne faisait ça. Alors j’y allais, je freinait à l’endroit indiqué et je partais en toupie puis au crash, toupie, crash, sans cesse… jusqu’à ce que ça fonctionne. J’ai toujours été connu pour mes freinages tardifs. Aujourd’hui, je n’ai pas appliqué ça car ça n’était pas nécessaire. Mais ces moments là, très particuliers, sont ceux pour quoi je me bats aujourd’hui et font partie de l’homme que je suis.

Q: (Francisco Alcala – Global Com Group) Tout d’abord, félicitations. Je suis ravie pour votre 5ème titre. Êtes vous reconnaissant ou que pensez-vous de l’implication de Valtteri dans votre accession à ce titre ici, au Mexique ?

LH: Vous savez, un des moments les plus difficiles pour moi cette année, c’était en Russie. Je voulais remporter la course, en arrivant premier, en gagnant vraiment la course. Avoir été mis en priorité en Russie était un sentiment horrible, je pense que tout le monde l’a ressenti. Et pour Valtteri non plus ça n’a pas été agréable. Il est venu me voir là, et nous avons un immense respect mutuel. Je vois comme il s’implique, il voit comme je m’implique, nous ne menons pas une guerre l’un envers l’autre. En fait, nous travaillons ensemble. Il ya des moments où je me rends compte de choses que je pourrais améliorer et je travaille dessus, et parfois, je lui en parle ouvertement, on travaille ensemble. C’est le meilleur partenariat que je pouvais espérer en termes de respect et de travail d’équipe, sans doute le meilleur duo de l’histoire de la F1. Cette année, il y a des victoires qu’il était crucial de remporter. L’équipe au final, elle se moque de qui remporte la course, parfois, il fallait qu’il soit devant et moi derrière, et chacun joue son rôle pour arriver à un but commun. À un moment, le but était de rester en tête. Et quand il s’avère que j’ai besoin d’un soutien, c’est Valtteri qui endosse le rôle. Nous avons démarré cette saison en trombe et avons connu quelques problèmes. Comme à Baku par exemple, grosse épreuve pour lui. Il méritait cette victoire et son pneu à éclaté. Je lui suis très reconnaissant, pour son soutien. Il m’a aidé à réaliser ce rêve incroyable, je lui adresse un immense merci.