AUTO - COMMENT LE GROUPE D'ÉTUDE DES ACCIDENTS GRAVES DE LA FIA ANALYSE ET AGIT SUR LES ACCIDENTS DE LA ROUTE DANS LE MONDE ENTIER
Exrait du dernier numéro d’ AUTO+ Medical
19 août 2018, Campo Grande, Brésil : La course du championnat brésilien de StockCar Light est en route alors qu'un certain nombre de pilotes s'arrêtent aux stands. Un pilote, Erik Mayrink, fait son ravitaillement, puis tente de rejoindre la piste. Il est alors heurté par une voiture sur l’extérieur avant d’en percuter une autre et de valdinguer vers un groupe de mécaniciens. Il en heurte trois, puis un quatrième, propulsé dans les airs par la collision.
Trois de ces mécaniciens sont emmenés d'urgence à l'hôpital Santa Casa de Campo Grande, l'un souffrant d'une fracture du tibia, un autre d'une fracture du pied et le troisième d'une commotion cérébrale. Bien que leur rétablissement soit assuré, il s'agit clairement d'un accident grave qui nécessite une analyse.
Et c'est exactement l'objectif du Groupe d'étude des accidents graves (SASG) de la FIA. Cet accident au Brésil a été l'un des nombreux accidents récemment examinés par le SASG, et des recommandations de mesures préventives de sécurité ont été envoyées à l'Autorité Sportive Nationale (ASN) du Brésil.
Pour la FIA, la sécurité est une question d'ordre mondial, et peu importe qu'un accident se produise lors d'un championnat du monde régi par la FIA comme la F1 ou un Rallye Mondial, ou lors d'un événement national de base. L'objectif est que tous les accidents graves fassent l'objet d'une enquête.
Bien entendu, il mène également ses évaluations de manière proactive et recommande des mesures visant à prévenir ce type d'accident.
Lors de ses réunions trimestrielles, le SASG étudie les accidents qui ont causé des décès ou des blessures corporelles graves - aux pilotes, copilotes ou toute autre personne, comme le personnel, les officiels et les spectateurs. Le groupe se penche également, le cas échéant, sur les accidents graves sans conséquences physiques, comme l'accident entre Fernando Alonso et Charles Leclerc lors du Grand Prix de Belgique 2018, où le dispositif de protection frontale Halo a empêché la voiture d'Alonso de blesser son compagnon de route.
Parmi les autres accidents sur lesquels le SASG a récemment enquêté, la Coupe du monde de Formule 3 de la FIA 2018 à Macao, où Sophia Flörsch s'est fracturé la colonne vertébrale après qu’elle ait quitté la piste en volant littéralement, et la course Indycar 2018 à Pocono, où Robert Wickens a été gravement blessé après un accident à plus de 320 km/h.
"L'objectif de ce groupe est de réduire à terme le risque d'accidents", déclare Gérard Saillant, Président de la Commission Médicale de la FIA et Vice-Président du SASG. "Et quand un accident se produit, de réduire les conséquences physiques pour les personnes impliquées."
Le Président de la FIA, Jean Todt, préside personnellement chaque réunion du Groupe. Les autres membres sont les présidents de toutes les commissions sportives de la FIA : monoplace, rallye, voiture de tourisme, karting, drifting, dragster et course de côte. Le personnel de sécurité de la FIA et les responsables des services sportifs sont également présents. Chaque domaine du sport automobile est représenté.
« Grâce au SASG, de grands progrès ont été réalisés par la FIA sous la direction de Jean Todt," déclare Saillant. "Et avec la présence de Jean Todt à chaque Commission Sportive de la FIA, le SASG est vraiment une excellente plateforme pour sensibiliser à ces questions et échanger. »
Saillant estime que l'élément de sensibilisation est crucial pour améliorer les normes de sécurité dans le sport automobile à travers le monde. Et chaque accident étudié apporte plus de connaissances et d'expérience pour faire face à l'accident suivant.
"D'une certaine façon, chaque accident qui se produit, bien que regrettable bien sûr, permet d'éviter que le même type d'accident ne se reproduise ", ajoute Saillant.
Lecteur de données
La base de données mondiale des accidents de la FIA joue un rôle central à cet égard. Lancée en mai 2015, elle rassemble les données d'accidents dans le monde entier, de la Formule 1 au karting, dans une base de données consultable, sécurisée et confidentielle, que les chercheurs peuvent utiliser pour identifier avec précision les domaines à améliorer dans la sécurité du sport automobile.
La base de données est utilisée par les 139 ASN de la FIA à travers le monde pour ajouter les données relatives aux accidents graves ou mortels qui peuvent survenir dans toutes les disciplines du sport automobile. Les données recueillies comprennent les niveaux d'accélération et de vitesse, les descriptions détaillées des accidents, ainsi que les répercussions médicales pour les personnes concernées.
"C'est un outil essentiel pour avoir une bonne vision d'ensemble de tous les accidents enregistrés, triés par discipline et par pays," ajoute Saillant. "Grâce à cet outil, nous pouvons voir et démontrer par exemple qu'un certain nombre d'accidents ne sont pas traités correctement lorsqu'ils ne sont pas sous la responsabilité d'une ASN, et qu'au contraire, les accidents survenant lors d'événements couverts par une ASN sont bien mieux traités. L'objectif de cet outil est d'améliorer la sécurité dans toutes les courses."
De cette façon, la FIA est en mesure d'identifier les meilleures pratiques et de les appliquer à tous les niveaux du sport. La FIA peut ne pas être en mesure de modifier les règlements des championnats qu'elle ne régit pas, mais elle peut offrir une recommandation forte pour l'amélioration et la mise en œuvre des règlements, comme elle l'a fait pour le Championnat Brésilien StockCar Light.
Le SASG travaille en collaboration avec le groupe de travail de recherche de la FIA, qui évalue les recherches sur les nouveaux produits et processus de sécurité menées par la FIA. Tout cela complète le travail de la Commission de Sécurité de la FIA, qui présente des recommandations au Conseil Mondial du Sport Automobile, l'organe directeur suprême.
"Le rôle de la Commission de sécurité est un rôle de règlementation, la dernière étape avant le Conseil mondial du sport automobile ", explique Saillant. "Le SASG est plus ‘sur le terrain’, et il travaille en liaison avec les différents groupes de recherche de la FIA."
Analyse des accidents
Le SASG bénéficie de la composition pluridisciplinaire de ses membres, qui comprend des médecins, des ingénieurs, des chercheurs et des promoteurs, ainsi que du personnel administratif de la FIA. Chaque accident analysé fait l'objet d'un examen technique et médical, et des rapports sont ensuite rédigés.
Le rapport technique fournit une analyse très détaillée des causes de l'accident, de son mécanisme, des dommages causés à la voiture, etc. Le rapport médical fournit des détails sur les blessures physiques et la façon dont elles se sont produites. Ensuite, des conclusions et des déductions sont tirées de ces deux rapports.
En plus de contribuer à améliorer la sécurité dans le sport automobile, ce travail a un avantage supplémentaire : la sécurité routière.
"Il est important de souligner qu'il s'agit d'un domaine où le transfert des connaissances et de l'expertise de la piste à la route est essentiel ", explique M. Saillant. "Par exemple, lors de la dernière réunion du SASG, le Groupe a discuté du déploiement de l'expertise de la FIA en matière d'amélioration des casques de moto. Tout cela démontre la force et la profondeur du travail de la FIA en matière de sécurité à tous les niveaux, dans toutes les disciplines et dans tous les pays. L'objectif ultime est que la FIA puisse apprendre et améliorer tout accident grave survenant lors de n'importe quelle épreuve de sport automobile dans le monde."
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